Unité de méthanisation du village d’Anthon (Isère) : Chronique annoncée d’un massacre écologique et d’un scandale financier !
Anthon, lundi 27 avril 2015 – Alors que l’avis favorable du commissaire–enquêteur vient d’être remis le 10 mars 2015 au Préfet de l’Isère, l’A.D.E.N.I. (Association de Défense Environnementale du Nord-Isère), s’insurge contre le projet déposé par la SAS Saint-Louis Energies concernant l’exploitation d’une installation de méthanisation agricole et industrielle (d’une surface de 40.000 m2) sur le territoire de la commune d’Anthon (Isère).
En effet, ce type d’équipement destiné à traiter à la fois des déchets d’exploitations agricoles et des déchets des collectivités et des industries agro-alimentaires, aurait des conséquences dramatiques d’un point de vue écologique et entraînerait des nuisances fort préjudiciables pour les milliers de riverains. Ce type d’unité de méthanisation a par ailleurs largement démontré sa non-viabilité économique au cours des dernières années.
– Massacre écologique et fortes nuisances pour les milliers de riverains
Les Landes de la Valbonne, le delta de l’Ain – classés réserves naturelles – et le Bois des Franchises constituent un corridor écologique essentiel à l’équilibre de l’écosystème régional. La SAS Saint-Louis Energies veut implanter son unité de méthanisation en plein milieu de ce couloir. Ces installations et les zones d’épandage concernées sont de nature à mettre en danger les nombreuses espèces vivantes dans ce corridor écologique. Castor d’Europe, loutres, poissons, amphibiens et autres espèces verraient leur territoire naturel dévasté…
Par ailleurs, pour approvisionner l’usine en déchets de tous genres et transporter le Digestat (résidu de la méthanisation) pour l’épandre dans un rayon de plus de 30 kilomètres, ce ne sont pas moins d’une centaine de camions de gros tonnage et de tracteurs attelés qui provoqueraient quotidiennement de nombreux ralentissements et bouchons aux heures de pointe sur la D55. Cette départementale est une des plus accidentogènes du Nord-Isère, et ne peut donc pas absorber un tel trafic supplémentaire qui accroîtrait les risques et multiplierait les accidents. De plus, ce trafic représenterait des nuisances insupportables pour les habitants des communes riveraines.
– Scandale financier assuré
Financées pour une part significative sur le dos des contribuables, des unités de méthanisation comparables au projet de la SAS Saint-Louis Energies, malgré les subventions, se sont avérées structurellement déficitaires:
- Preuve en est la situation financière critique de GEOTEXIA, une unité de méthanisation implantée en Bretagne mise en service en juin 2011 qui accuse, 3 millions d’euros de perte en 30 mois d’exploitation ! Dans le cadre d’une audition lors de la commission parlementaire du 25 novembre 2014, Monsieur Antoine Jacob, Directeur développement opérations chez IDEX-Groupe, actionnaire à 32 % de GEOTEXIA et exploitant technique du site déclarait : « Geotexia est dans le rouge, la société est chroniquement déficitaire ; c’est un cycle infernal. La position des actionnaires est claire : si dans 1 an, cela ne va pas mieux, on dépose le bilan ! ».
- Autre exemple dramatique, l’unité TIPER de méthanisation à LOUZY (79) dont le président Jean-Paul Costes dresse, dans un article du 10 février 2015 publié par La Nouvelle République, un constat sans concession sur la situation actuelle de la filière méthanisation conjuguant le traitement des déchets agricoles et industriels: « L’année 2014 a été dramatiquement difficile avec un résultat négatif... Passée la première année où tout va bien, l’exploitation des usines n’est pas évidente. Cela ne marche pas comme dans les livres ! Est-ce que l’on s’est trompé au départ ? Est-ce qu’il faut persévérer ? Ce sont des arbitrages qui reviennent aux investisseurs. »
Face à ces retours d’expérience désastreux, l’A.D.E.N.I. lance un appel solennel à Monsieur Jean-Paul Bonnetain, nouveau Préfet de l’Isère, afin qu’il ne suive pas l’avis du commissaire-enquêteur, dont l’objectivité et la compétence technique ne peuvent pas être garanties sur ce dossier complexe et économiquement absurde.
A propos de l’A.D.E.N.I :
Fondée en 2014, l’Association de Défense Environnementale du Nord-Isère a pour finalité d’alerter les parties prenantes politiques, économiques et écologiques ainsi que le grand-public sur les projets et réalisations industrielles potentiellement préjudiciables à l’environnement.